Odeur de soufre pour le premier Nez de Chostakovitch à La Monnaie

Le propre du Nez de Gogol est de montrer l’irruption de l’absurde dans la vie quotidienne pétersbourgeoise, et l’angoisse que provoque l’indifférence des autres au malheur d’autrui. C’est ainsi que le barbier Ivan Iakovlevitch découvre dans un petit pain qu’il s’apprête à manger un nez qui – il l’ignore – appartient au major Kovaliov, l’un de ses clients. Le major, souhaitant déclarer la disparition de son organe, verra l’employé du journal refuser de publier son annonce et lui conseiller d’aller voir un médecin, tandis que personne ne s’émouvra de voir le Nez revêtu d’un uniforme de Conseiller d’Etat, faisant ses dévotions dans la cathédrale de Kazan. Le nez sera retrouvé par un policier alors qu’il s’apprêtait à fuir la ville en calèche et sera ramené à Kovaliov. Après plusieurs tentatives infructueuses pour le remettre en place – et ce compris avec l’aide d’un médecin –, le noble appendice réapparaîtra un beau matin bien à sa place sur le visage du protagoniste.

Foto van Patrice Lieberman

Patrice Lieberman

Pratiquant le piano dès son enfance, suivi de l’alto, Patrice Lieberman a enrichi son parcours musical par un passage au Conservatoire d’Anvers. Combinaison de passion pour la musique, les langues, et la littérature, il a étudié la musicologie et la philologie slave à l’Université Libre de Bruxelles, poursuivant sa formation aux universités de Pennsylvanie et Yale. Après avoir exercé pendant près de vingt ans en tant que critique au défunt hebdomadaire anglophone bruxellois The Bulletin, il contribue depuis 2014 à Crescendo Magazine et depuis 2017 à bachtrack. Parallèlement, il a régulièrement rédigé des notes de programme et effectué des traductions pour diverses organisations culturelles, notamment le Festival de Flandre et l’Orchestre national de Belgique.

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