Nikola Meuwsen Proclamation © Thomas Léonard
Nikola Meuwsen Proclamation © Thomas Léonard

Grand Prix décerné au Néerlandais Nikola Meeuwsen

Grand Prix décerné au Néerlandais Nikola Meeuwsen (23 ans)

Le Belge Valère Burnon (25 ans) remporte le 3ème Prix et le Prix du public

Le  palmarès des 6 prix est  exclusivement masculin!

Il était 1h du matin (dans la nuit de samedi à dimanche), devant  la salle comble du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et en présence de la Reine Mathilde, accompagnée de la Princesse Éléonore, quand le jury de 13 personnalités mondiales du piano, présidé par Gilles Ledure, a livré son verdict. 

Ce fut un palmarès exclusivement masculin: sur les 7 pianistes en compétition, six hommes sur les sept se sont vus décernés un prix. Les 5  femmes sont uniquement finalistes…

L’annonce du vainqueur, le Néerlandais Nikola Meeuwsen (23 ans), l’un des deux plus jeunes,  fut bien accueillie par le public et sincèrement ovationnée. Avant de rentrer sur scène, NiKola a pris le temps d’embrasser ses collègues réunis dans la loge du chef d’orchestre Kasushi Ono.

Le public a suivi, avec enthousiasme, la proclamation des 5 autres prix décernés, soit:  

Deuxième Prix au Japonais Wataru Hisasue (30 ans) qui a clôturé la finale du concours. 

Troisième Prix au Belge Valère Burnon (25 ans), qui a bénéficié d’une très longue ovation. Souvenons-nous que Jean-Claude Vanden Eynden avait également été gratifié d’un 3ème Prix en 1964!

Quatrième Prix au Français Hinnewinkel (25 ans). 

Rappelons que Nikola Meeuwsen, Arthur Hinnewinkel (d’où la longue et chaleureuse accolade entre les 2 amis)  et Valère Burnon sont tous trois en résidence à La Chapelle. 

Cinquième Prix au Japonais Masaya Kamei (23 ans) 

Sixième Prix au Russe Sergey Tanin (29 ans)

C’est donc un palmarès exclusivement masculin. Sur les 7 hommes en compétition, 6 se sont vus décernés un prix. Les 5 pianistes de la gent féminine sont seulement finalistes non classés. 

La tradition veut, que les candidats qui ont leur prestation le dernier soir, se voit décerner un prix.  Et ce fut encore le cas, pour cette 21ème session de piano.

Les auditeurs, présent ce samedi, ont eu la chance d’applaudir Wataru Hisasue (2ème Prix) et Masaya Kamei (5ème Prix). 

Les 6 pianistes suivants sont classés par ordre alphabétique. 

Le public est resté enthousiaste, mais, quand ce fut le tour de la Chinoise, Jiaxin Min (29 ans)  (à la frange  noire épaisse cachant ses yeux pendant toute sa prestation)  de venir saluer sur scène, à l’appel de son nom, le public, a sifflé le jury. 

Et le président,  Gilles Ledure, visiblement agacé, tançat les spectateurs d’un: “S’il vous plaît”.  La proclamaton terminée, il termine sèchement par: “Bonne nuit, goedenavond, gute Nacht”.

Il est vrai que pour lui et ses collaborateurs, la nuit se termine seulement vers 3h du matin!! 

Si l’on répertorie les concertos, interprétés par les 12 pianistes de cette finale passionnante, on constate que le concerto de Schumann en la m. (joué parArthur Hinnewinkel) et le 5ème concerto de Saint-Saëns en Fa M. (joué par Masaya Kamei) ont eu le privilège de n’être choisi qu’une seule fois, lors de cette session. 

Le concerto de Schumann n’a seulement fait partie du répertoire des candidats que 2 fois (en 1947 et 1952). Le 5ème concerto de Saint-Saëns, ce fut en 1952, 1971 et 2008. 

Chaque pianiste a sa personnalité et sa conception de l’interprétation des oeuvres et cela se marque spécialement dans l’imposé (étudié en une semaine) “Music fort the heart “ du compositeur brugeois Chris Defoort.

Nikola Meeuwsen en fait une version très personnelle, avec un grand respect du texte, en créant un climat et en déployant une variété de couleurs et de sonorités/
Dans son 2ème concerto de Prokofiev, il a le sens de la dynamique, de la progression; il aborde les crescendos dans la nuance piano. Son jeu est puissant, intense; sa technique, brillante. Il fait apparaître plusieurs facettes, depuis le sarcasme et un humour grinçant, jusqu’au lyrisme chaleureux. Dans l’intermezzo, il crée, avec toute son âme, une atmosphère pleine de délicatesse et de profondeur; c’est un vrai poète. 
“Je voulais faire du violoncelle, nous confiait-il, c’est lorsque j’ai entendu une oeuvre de Schumann que j’ai décidé d’étudier le piano. Avant d’entrer en scène, j’essaye de gérer mon stress, mais je ressens toujours une tension, nécessaire pour le concerto de Prokofiev. Et d’ajouter: “Á la Chapelle, je me sens comme à la maison”. 
Après l’annonce de son résultat, Nikola Meeuwsen se dit: “comblé et heureux; je n’en reviens pas, c’est tellement irréel pour moi”. 

On sent que Wataru Hisasue a analysé l’imposé avec intelligence. Le battement perdure tout au long de l’oeuvre, superbement conduite; les crescendos sont bien amenés et  sa gamme de sonorités et de couleurs est très riche. 
Son émotion est palpable dans le 2ème concerto de Brahms. Il possède un son ample et  une force expressive, en concordance avec le style romantique. Avec une authentique sincérité, il nous livre un recit, par moments, douloureux. Quel superbe dialogue avec l’orchestre! Dans l’Allegro appassionato, il nous offre un dynamisme inquiet, empreint de sensibilité. Il énonce des phrases avec un toucher caressant et des accents pathétiques. Quelle volubulité dans le trio! L’Andante est extrêmement lyrique et empreint d’une poésie, qui s’apparente au thème exposé par le violoncelle. Il rend bien le côté sautillant du refrain de l’Allegro grazioso où l’on perçoit les réminiscences d’une danse hongroise, teintée de nostalgie. Ovationné par le public, il sort en souriant.
“Á 18 ans, j’étais intéressé par les sciences, dit-il. (entre parenthèses, le compositeur russe  Borodine, qui appartenait au groupe des cinq, était un scientifique qui enseignait à l‘Université). Et de poursuivre: Mon inspiration, je la  trouve en parlant avec des personnes, en visitant des musées. Quand je commence à jouer une oeuvre, j’essaye de trouver le son qui correspond à un sentiment. Je puise mon énergie positive dans la beauté de l’art, la musique, la peinture. Je n’ai pas trouvé l’imposé difficile et d’ajouter: “Avant d’entrer en scène, je saute”. 

Valère Burnon est une personnalité attachante. Il donne, avec conviction, une version intelligente de l’imposé et il est toujours à l’écoute de l’orchestre; sa musicalité est naturelle. Il est étonnant d’assurance.
Son concerto de Rachmaninov est solide et son engagement est total. Il raconte une histoire dans un langage imagé, avec émotion et profondeur. Il nous livre une interprétation qui nous touche car elle est nourrie de l’intérieur. Quelle panoplie de nuances et quelle  qualité de sonorités!  Dans la cadence, il se déchaîne avec un langnage passionné. Il passe de l’interiorité, à la fougue la plus totale; Il soulève l’admiration par sa concentration et le fini de sa technique. Il nous livre, dans l’intermezzo, un récit douloureux et lyrique, ressenti dans tout son être. Il conduit les phrases avec une expression juste et une sincérité authentique. Le final est endiablé et teinté d’une variété de couleurs et de plans sonores. Il nous a ému au plus profond de  l’âme. 
Il est acclamé, pendant de longues minutes, par le public debout. Et les membres du jury tentent de quitter leur place!!
Après sa prestation, il déclare: “je suis  très soulagé de la manière dont j’ai pu performé; j’ai pu apprécier le moment musical; le matin, j’étais très stressé, mais au Palais des Beaux-Arts, j’étais détendu. Je suis heureux d’avoir pu réaliser  mon rêve d’enfant. Après la proclamation, Valère Burnon nous confiait: “J’espérais arriver en finale; j’ai seulement un peu de déception de ne pas avoir obtenu un premier ou un deuxième prix”

L’imposé, interprété par Arthur Hinnewinkel, est teinté de nombreux rubatos et d’une ampleur sonore, qui en fait une belle prestation. 
Dans le concerto de Schumann, il fait ressortir la tendresse et l’amour de Robert Schumann pour son épouse Clara, par son beau legato, son cantabile et sa fluidité. Le rayonnement de joie et de lumière jaillit dans l’Allegro vivace. C’est une interprétation sincère et romantque, rendue avec brio. Toujours à ‘écoute de l’orchestre, il livre son récit tout au long de l’oeuvre. 
Après sa prestation, il déclare: Pendant une  année, j’ai emmagasiné beaucoup d’informations sur Schumann. Je voulais vivre ce moment, comme  un concert et n’étais pas du tout stressé; je ressens ce concerto qui passe d’un état émotionnel qui à un autre, selon la dualité “Florestan-Eusebius”. 
Quand je rentre en scène, je regarde autour de moi pour m’approprier le lieu”.

Masaya Kamei, un pianiste raffiné, rejoint l’excellente impression laissée à la première épreuve et à la demi-finale. 
Les battements de l’imposé sont nourris; il crée un climat serein avec élégance et des mouvements souples du poignet. Il donne l’impression de vouloir diriger l’orchestre. “J’aime vraiment cet imposé que j’ai surtout écouté, dit-il.
Dans le concerto de Saint-Saëns , il fait ressortir le caractère poétique et puis déploie un déferlement de notes avec une volubilité extrême. Il est toujours à l’écoute de l’orchestre et fait chanter le piano. Il traduit bien, tel un peintre, l’épisode des bateliers nubiens et son corps “danse”. Dans le final, il se déchaîne et sa cadence est galopante. sa prestation  terminée, il montre qu’il est heureux et le maestro l’ombrasse. Ovationné par le public, debout, c’est en souriant qu’il quitte la scène. 
“Je voudrais apprendre le violon et d’autres instruments”, nous confiait-il, car je rêve de devenir compositeur. J’aime prtager les oeuvres que j’aime avec le plus de monde possible; j’aime beaucoup le concerto de Saint-Saëns car on peut y exprimer des émotions. C’est comme si l’on racontait un voyage aux auditeurs. Et il ajoute: “Pour me donner de l’énergie, je mange de la viande et je dors beaucoup.”

Sergey Tanin s’investit, de tout son être, dans l’imposé.”J’en apprécie beaucoup les couleurs, dit-il. 
Dans le concerto n°3 de Prokofiev, il nous livre un récit avec une puissance incroyable et une solidité à toute épreuve. Il fait corps avec la musique et le piano. Ne dit-il pas: “J’ai toujours rêvé de jouer ce concerto avec son histoire; c’est une véritable épopée russe”. Son jeu est fascinant. On assiste à un véritable concert. Il pssède un excellent phrasé. Il joue le Thème du 2ème mouvement avec sensibilité et tendesse. Il ressent, dans tout son être, le récit qu’il nous livre. Puis, son humour est grinçant, en nous racontant un autre moment de son épopée russe et en créant un autre climat.
Son corps vibre et sa concentration est maximale. C’est d’un très haut niveau. Après sa prestation: “ Je suis soulagé et très heureux d’avoir pu livrer les idées que je voulais communiquer”.

Le pamarès: 
1er Prix Nikola Meeuwsen
2ème Prix  Wataru Hisasue
3ème Prix Valère Burnon
4ème Prix Arthur Hinnewinkel
5ème Prix Masaya Kamei
6ème Prix Sergey Tanin
Les finalistes non classés par orde alphabétique: Rachel Breen – Mirabelle Kajenjeri – Shiori Kuwahara – Natalia Milstein – Jiaxin Min – Yuki Yoshimi

Rendez-vous en 2026 pour le concours de violoncelle. 

Image de Antonyne Lecocq-Vandermaesbrugge  

Antonyne Lecocq-Vandermaesbrugge  

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